Adieu à Vézelay (6)
Au dernier trimestre 2020, j'entendis dire à Vézelay que l'édifice où se trouve mon logement était mis en vente. N'ayant pas de nouvelles de ma hiérarchie, je n'y prête alors pas attention. Les fêtes passent et fin janvier 2021, je reçois un coup de fil de ma responsable qui m'apprend que le bâtiment est en cours de vente et que je dois le quitter avant fin février. Mon état de santé ne me permettant pas de faire de gros efforts et n'ayant pas d'aide autre que morale (et c'était déjà beaucoup vu les circonstances), je peine à faire tous mes cartons. Je réussis à prolonger un peu le délai, mais ne parviens pas à emporter la totalité de mes affaires pendant le délai imparti. Je dus donc abandonner une partie de mon mobilier même si j'ai réussi à sauver l'essentiel…
Ce fut une période particulièrement éprouvante physiquement et stressante émotionnellement. Je fus particulièrement soulagé lorsque je fus débarrassé de cette corvée dont je ne savais trop comment me défaire. Il peut être nécessaire de délaisser ses biens matériels, notre bien être en dépend parfois. La tranquillité d'esprit n'a pas de prix…
J'avais déjà connu naguère une situation plus ou moins similaire, toutes proportions gardées, où je m'étais retrouvé démuni de tout, ma seule valise à la main, ayant perdu, travail, logement, etc. Je ne m'imaginais guère, à l'époque, que plusieurs années plus tard, j'aurais retrouvé tout cela, l'amour excepté. Il ne faut jamais désespérer de rien, même lorsque tout semble perdu (même si je passe mon temps à oublier cet adage empreint de sagesse bien qu'éculé), pour peu que l'on n'abandonne pas, les anges nous sourient toujours (il convient de ne pas oublier leur patient travail, eux non plus ne se découragent jamais, heureusement pour nous). Il m'aura fallu plus de soixante années de vie pour accepter cela, pour l'apprendre, on pourrait dire…
La situation actuelle (et je ne parle pas de la « perte » de mon logement vézelien, pour chaotique qu'elle fut) m'y aura beaucoup aidé. Les épreuves de la vie ont sur nous l'effet que le marteau a sur le fer rouge, il le façonne. Dit comme cela, ça semble violent, mais ça nous le paraitrait moins si nous pouvions en percevoir d'avance le résultat bénéfique. Dieu par l'intermédiaire de ses anges nous guident pourvu que nous en acceptions les directives.
C'est heureux, car l'humanité est aujourd'hui confrontée à la pire crise qu'elle ait eu à affronter depuis longtemps, une crise qui n'affecte pas seulement notre vie quotidienne, mais met directement en cause les notions fondamentales de notre société moderne et, au premier chef, la place de l'individu et le concept même de liberté…