Coulée de bronze à saint-Père
Lors des journées du patrimoine, mais également durant tout le mois de septembre, un sculpteur fondeur, du nom d'Ahmed Nikiéma effectuait des démonstrations de son art et, en particulier de l'opération qui consiste à couler du bronze dans un moule prévu à cet effet.
Le bronze est un alliage de cuivre et d'étain mais aussi d'autres métaux tels que, par exemple, de l'aluminium ou du plomb. La solidité de l'alliage dépend de la proportion de cuivre qui est au moins de 60%. On appelait autrefois le bronze "airain" et dans l'antiquité on en faisait des armures ou des outils. On utilise également le terme "airain" en poésie classique.
La préparation du moule
L'artiste crée d'abord une figurine en cire, telle que celles-ci. Puis il enduit ces dernières d'un mélange de terre argileuse et de crottin de cheval que l'on appelle "banco". Couches après couches, petit à petit, on enrobe complètement les figurines sans les déformer ni les écraser afin de garantir la fidélité de la reproduction. On dispose parfois des armatures métalliques dans le moule pour qu'il ne se déforme pas au séchage et lors de l'opération consistant à faire fondre la cire. On ménage également un trou pour remplir le moule ainsi que des évents pour laisser les gaz s'échapper.
Voici à quoi ressemble le moule une fois réalisé et séché. On distingue les deux orifices qui permettront le "remplissage".
On va ensuite l'emmailloter de fil de fer pour qu'il ne craque pas lorsqu'on va faire fondre la cire située à l'intérieur.
Pour cela, on place le moule dans le feu, tout simplement, ce qui va faire fondre entièrement la cire, comme ceci. On voit bien le moule entouré de fil de fer pour le renforcer.
La fonte des métaux
On utilise un bidon métallique dont l'intérieur est habillé de laine de roche, ce qui permet de concentrer la chaleur et d'atteindre les températures requises soit 1100° centigrades. Ici on utilise un chauffage au gaz mais on peut aussi utiliser un chauffage au bois ce qui est, visuellement plus spectaculaire.
Le feu fait fondre le métal placé dans un creuset résitant à la chaleur. Les métaux, cuivre et étain deviennent entièrement liquide, d'un beau rouge limpide, il coulera dès lors, tant qu'il restera à la température requise, comme de l'eau.
Le cuivre provient ici de matériaux de récupération comme de vieux robinets usagés, par exemple, entièrement désossés pour n'en conserver que les métaux utiles.
Lorsque l'alliage est prêt, on se prépare
Le fondeur s'asperge la tête et les bras d'eau fraîche pour mieux résister à la chaleur, puis il prend le moule dans le feu et en vide toute la cire qui s'écoule. Cette dernière n'est plus utilisable, elle disparait, c'est pourquoi on appelle cette manière de faire technique de la "cire perdue".
En fondant, la cire laisse un vide à l'intérieur du moule que l'on va remplir de métal fondu.
Le fondeur prend au moyen d'une grande pince le creuset contenant le bronze liquéfié et son assistant vide le creuset des impuretés qu'il contient encore et en particulier des braises qui ont été jetées sur le métal fondu juste avant de sortir le creuset du foyer.
Puis le fondeur verse le métal fondu à l'intérieur du moule préalablement disposé debout contre des briques. Cette partie du travail est particulièrement pénible en raison tant du poids supporté que de la chaleur intense.
Lorsque le moule est plein, le métal déborde comme dans notre exemple ou alors l'assistant bouche les orifices avec du banco qu'il a préparé à cet effet prêt du moule. Tout dépend de l'emplacement des évents et de la forme du moule, ici les deux orifices étant plus ou moins au même niveau. D'ailleurs, le bronze va se réfroidir rapidement en prenant d'étranges colorations.
Ensuite, le fondeur va vider le creuset de l'excédent de métal fondu, sans quoi celui-deviendrait inutilisable. Une fois refroidit, celui-ci pourra être réutilisé et fondu à nouveau.
Cela donne lieu à un joli spectacle plein de flammes et de couleurs...
Le résultat final
Une fois le moule entièrement froid, ce qui est relativement long, on le détruit pour découvrir la statuette produite, parfaite réplique de la figurine de cire utilisée au départ.
Cette statuette a un aspect doré et rugueux, il faut ensuite limer les aspérités, couper les parties excédentaires pour obtenir une jolie patine d'un aspect sombre et même, en utilisant certains acides et produits chimiques, colorer le métal de différentes teintes.
Voici les deux résultats obtenus, d'abord bruts puis finis.
Pour mieux se rendre compte
Voici également deux vidéos tournées respectivement le samedi 20 septembre dernier et le lundi 22 septembre dernier.
La première est constituée exclusivement de gros plans permettant de bien se rendre compte des étapes essentielles, la seconde détaillant davantage l'ensemble de l'opération et donnant la part belle au fondeur lui-même.
A noter que le titre de cette dernière porte le nom "d'Ali Nikiéma", bien qu'il n'apparaisse pas ici. Il s'agit en fait du père d'Ahmed, qui réalisait naguère ce même genre de démonstration à saint-Père dans les jardins du musée.
Oeuvres de l'artiste
Pour finir, voici quelques photos des oeuvres que l'on pouvait voir cet été dans une salle sous le musée de saint-Père.